Entretien

5 min

Paris CDG Alliance lance le mouvement en intégrant la première plateforme TransCo d’Île-de-France

S’il est un secteur qui a été durement touché par la crise, c’est bien celui de l’aérien et de l’aéroportuaire. De lourdes conséquences puisque l’aéroport tel que Charles de Gaulle fait vivre trois départements d’Île-de-France. L’agence d’ingénierie des projets liée à l’emploi sur ce territoire Paris CDG Alliance a été l’un des premiers organismes à intégrer le dispositif Transitions Collectives. François Brezot, son Directeur Général, nous explique les motivations et l’avancement de ce projet d’envergure.

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Comment la crise a-t-elle affecté le bassin d’emploi Paris-le Bourget ?

François Brezot : La région est économiquement dépendante de l’activité de l’aéroport Charles de Gaulle, dont la crise a marqué l’arrêt net et brutal :  nous avons donc été le bassin d’emploi le plus impacté de France, dès le premier confinement. En effet, un emploi sur trois provient de l’aéroport, auxquels s’ajoutent les entreprises partenaires ou en sous-traitance.

Par exemple, la plateforme aéroportuaire à elle seule intégrait 95 000 emplois avant la crise. Malheureusement en 2020, nous comptons déjà 6 000 destructions d’emplois, et en anticipons entre 20 et 25 000 à l’horizon 2022. Ruptures de contrats, fin de missions, arrêt de sous-traitance : cela impacte les métiers directement et indirectement liés à l’aéroport. Ces estimations peuvent d’ailleurs encore évoluer puisque nous sommes tributaires d’un contexte encore très incertain.

Quels sont les enjeux prioritaires de Paris CDG Alliance ?

Nous avons deux enjeux très forts sur ce territoire :

  • Répondre à l’urgence de la situation que connaissent les entreprises et les salariés dont les emplois sont menacés ;
  • Préparer la reprise qui devrait advenir dans les prochaines années. Nous l’avons vécu plusieurs fois (11 septembre 2001, crise économique de 2008), nous savons que ces difficultés sont passagères et que nous aurons ensuite des difficultés à retrouver les compétences nécessaires à la reprise.

Comment le dispositif TransCo s’est-il mis en place ?

F.B : Nous avons très rapidement répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé par la ministre du Travail, en décembre dernier. Le projet a été retenu mi-janvier 2021. Depuis, nous travaillons avec les différents partenaires sur la phase de conventionnement et un plan d’actions opérationnel. Ce dernier s’appuie sur un budget prévisionnel incluant la constitution d’une équipe de six personnes chargées de la relation avec les entreprises, de la coordination des acteurs et du dialogue social qui en découle.

Il y a un vrai enjeu de communication pour s’adresser à la fois aux employeurs, aux salariés menacés et aux représentants syndicaux. En ce moment, nous rédigeons le dossier sur lequel va s’appuyer la DRIEETS pour rédiger la convention pour un budget prévisionnel de 370 000 euros sur deux ans. Une première base de financement qui devra être complétée par d’autres pour le déploiement global de nos actions.  

La prochaine étape est d’intégrer les entreprises dans le processus, de passer rapidement d’un travail pédagogique à une mise en action. Ce n’est qu’une fois conventionnés que nous pourrons lancer la machine et commencer à sensibiliser les salariés.

TransCo est aussi un moyen de renforcer les liens entre les différents acteurs et d’être plus efficaces ensemble sur la chaîne d’actions qui mène vers un emploi pérenne, au-delà de la crise.

Vous avez adhéré très vite au dispositif, quels en sont les principaux intérêts ?

F.B : L’intérêt principal est bien évidemment de faire en sorte qu’un maximum d’entreprises puissent trouver un répit suffisant pour éviter les PSE et le chômage. Nous devons agir vite car nous savons que certains se préparent d’ici cet été. L’intérêt de TransCo est double : il permet d’alléger les dépenses liées à la masse salariale tout en sécurisant les parcours des équipes.

Par ailleurs, nous avions déjà des difficultés à recruter pour certains métiers avant la crise, et ce malgré un taux de chômage important sur la région. Cela s’est accentué car de nouveaux besoins, moins connus, ont émergé. Par exemple, le transport de gel ou de vaccins demande plus de personnel sur le secteur de la santé, de la logistique ou de la maintenance des appareils. Nous avons également une pénurie de déclarants de douane avec le Brexit.

La plateforme Transitions Collectives d’Île-de-France permet d’agréger différentes structures et organismes dont l’articulation est habituellement complexe. Cela dans le but qu’un maximum de salariés puissent bénéficier du dispositif dans les meilleurs délais. Cette nouvelle connexion est une opportunité pour l’ensemble de ces acteurs de mieux collaborer au niveau local et territorial et ainsi d’être plus efficaces sur la chaîne d’actions qui mène vers un emploi pérenne, même au-delà de la crise.

Comment l’opérateur de Mon CEP vous accompagne-t-il dans vos démarches ?

F.B : Mon CEP est obligatoire dans la mise en place du dispositif. Il assure le libre choix du salarié et la solidité de son projet professionnel. Mais nous ne le vivons pas comme une contrainte, bien au contraire ! Nous collaborons étroitement avec Mon CEP et plus particulièrement Avenir Actifs depuis 2019 dans le cadre d’une convention de partenariats à la Cité des métiers. Ensemble, nous organisons des interventions croisées, des webinaires pour informer sur l’offre de services de Mon CEP. Cela se complète par une permanence hebdomadaire du Groupement dans nos locaux.

Pour l’instant, nous organisons la mise en route du dispositif pour les salariés. L’opérateur de Mon CEP nous accompagne lors de nos comités de pilotage et nos comités techniques. Le moment venu, nous saurons exactement comment mobiliser les partenaires et comment orienter chaque salarié vers mon conseiller en évolution professionnelle.

Entre volonté de sauver des emplois, peur de diffuser un mauvais message auprès des salariés et manque d’informations sur un dispositif qui peut sembler complexe, à première vue, TransCo nécessite encore une bonne dose de pédagogie. Il promet de mettre en place un maillage territorial encore inédit qui pourrait bien marquer le début de nouveaux modèles collaboratifs pour favoriser l’emploi.

 

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